Aujourd'hui, voici 150 ans que le XXIe Corps d'Armée prussien attaquait Alençon par le sud, après avoir cherché à couper la retraite française depuis Le Mans. Cette manœuvre a contraint l'armée de Chanzy à se diviser en deux, à Laval et Alençon.
Depuis le 11 janvier, les troupes françaises présentent sur le front du nord-est au sud-est convergent en renfort vers Alençon. Il s'agit des Chasseurs du Havre, des Francs-Tireurs du colonel Lipowski et des Mobiles de l'Orne. Du sud, ce sont les Mobiles de la Mayenne qui refluent par vagues sous les coups de boutoirs prussiens alors que le 19e Corps français vient prendre position dans le chef-lieu de l'Orne depuis le sud-ouest.
Si le préfet Antonin Dubost, nommé par Gambetta, veut une guerre totale, envisageant la destruction d'Alençon par des combats de rues, des incendies et la rupture des ponts, donc une stratégie de fortification, le colonel Lipowski, expert en guérilla et en coups éclairs, insiste pour poursuivre ce qu'il fait depuis des mois dans le Perche : utiliser la campagne pour user l'ennemi, le ralentir, le disperser. Les chances de succès sont d'autant plus plausibles que le XXIe Corps prussiens est fatigué, lent et se distend dans le Maine au seuil de la Champagne alençonnaise, coupé de l'intendance qui arrive juste au Mans.
Pris entre ces considérations stratégiques, le maire Eugène Lecointre insiste pour sa part pour la préservation de la ville, comprenant l'inutilité d'un désastre comme celui de Châteaudun. Couper les ponts signifie en outre abandonner la population de Montsort aux représailles et aux pillages.
Après une journée de combat dans la neige, Alençon est abandonné par son préfet et par les militaires. Ils ont au moins été d'accord sur ce point, bien qu'ils se rejettent inutilement les responsabilités de l'échec jusqu'à l'armistice, onze jours plus tard.
Mais que reste-t-il de ce combat ? Si la mémoire a laissé place à l'histoire, que les familles alençonnaises sont rares à conserver une parole sur ces événements - et pourtant, cette transmission orale familiale existe ! - c'est parce que la documentation est abondante. L'iconographie est un peu plus rare et dispersée nécessitant des recherches. Elle se répartie entre des œuvres locales et des représentations généralistes comme celles de Kauffmann ou de Bombled, pour lesquelles il est légitime de se demander si les auteurs ont vu les lieux.
Précisément, c'est une proposition en Avant-Après que je vous propose. J'ai tenté de retrouver les points de vues idéalisés ou réalistes du Combat. Les différences sont frappantes, de date à date, à 150 ans d'intervalles. La neige et le vent glacial ont laissé place à un ciel sec et ensoleillé, la campagne a cédé sous le poids de l'urbanisation.
Les séquences sont présentées dans l'ordre des événements de la journée du 15 janvier 1871.